La première source d’apprentissage : le jeu

L’enfant ne joue pas pour apprendre, il apprend « parce qu’il joue »

Jean Epstein

La plus important des activités durant l’enfance, c’est le jeu, première source d’apprentissage, formidable moteur de développement. Il se transmet de génération en génération. Nous le retrouvons dans toutes les cultures. Cependant, les avancées technologiques, les changements sociétaux et familiaux l’ont transformé.

Le jeu, c’est quoi ?

Le jeu est avant tout une activité pour se divertir, pour se faire plaisir. Le jeu n’a pas de but précis, l’enfant joue pour jouer. Le premier but du jeu n’est pas l’apprentissage néanmoins c’est au travers de cette activité que l’enfant fait des découvertes et commence ses premières réalisations. Le jeu lui permet d’apprendre les règles, les coutumes et les valeurs de son milieu culturel. Avec le jeu l’enfant découvre son environnement.

Qu’est-ce que l’enfant découvre lors des premiers jeux ?

Les jeux permettent à l’enfant

  • d’identifier les limites de son corps
  • d’apprendre les caractéristiques et le fonctionnement des objets
  • de développer ses habiletés et ses aptitudes qu’il pourra utiliser dans d’autres situations.

Au travers du jeu, l’enfant développe un savoir-faire et un savoir-être. Il se familiarise avec des outils qu’il utilisera dans sa vie quotidienne.

Le jeu, premier lieu d’expression

Par le jeu, l’enfant exprime ses sentiments aussi bien positifs que négatifs. Par le biais du jeu, l’enfant communique

  • son monde intérieur
  • son monde imaginaire
  • ses émotions

Le jeu permet à l’enfant d’exprimer ses désirs et ses frustrations, c’est une formidable soupape émotive.

Le jeu est également un lieu où l’enfant a l’occasion de pratiquer ses habiletés langagières. Cela favorise l’utilisation ou la création de nouveaux mots. Grâce au langage, l’enfant révèle ses désirs, ses idées, ses préoccupations. Le langage informatif permet à l’enfant de communiquer à son entourage le jeu auquel il est en train participé.

Derrière le jeu, une activité intense

Cette activité ludique contribue au développement des différentes caractéristiques :

  • Sensorielle, l’enfant regarde, touche, et déplace des objets. Il peut observer la forme, la couleur, la grosseur et la texture. il écoute les bruits que peuvent faire les objets. Il développe sa perception.
  • Motrice, la manipulation d’objets permet à l’enfant de développer
    • la motricité fine de ses mains,
    • la coordination de ses gestes
    • la motricité globale, lorsqu’il se déplace pour aller chercher un objet.
  • Cognitive, le jeu donne la possibilité à l’enfant de comprendre son environnement et de développer ses pensées.
    • Il différencie les objets
    • Il apprend à utiliser des objets
    • Il imagine des histoires
  • Affective, le jeu permet à l’enfant d’exprimer ses émotions. Il y a une dimension affective dans le jeu.
  • Sociale, l’enfant partage son activité et de tenir compte de l’autre. Le jeu donne la possibilité à l’enfant d’apprendre à se relier aux autres.

Le jeu est aussi favorable au développement de l’autonomie, de la créativité, et de la capacité d’adaptation. Dans le jeu, l’enfant résout des difficultés et s’adapte facilement aux situations inattendues.

Quel est le rôle des parents ?

Le jeu est une activité privilégiée qui favorise la création de lien entre parents et enfants et permet la construction d’interactions enrichissantes. Lorsque l’enfant prend plaisir à jouer avec ses parents sans objectifs précis. Ils partagent une grande complicité. L’enfant constate que ses parents aiment rire, prennent plaisir à jouer, vous devenez pour l’enfant un être intéressant à découvrir.

Ce qu’il faut éviter

  • Il ne faut pas transformer le jeu en activité éducative
  • Il ne faut pas vouloir à tout prix jouer avec l’enfant
  • Il ne faut pas participer de façon intense au jeu de l’enfant

Les activités des enfants ne doivent pas être organisées de façon systématique par les parents. Cela peut le maintenir dans un état de dépendance. Si nous lui disons toujours quoi faire et comment le faire, il n’apprendra jamais à décider, choisir, s’affirmer, trouver des solutions à ses problèmes. L’adulte peut apporter des suggestions mais il doit éviter de prendre le contrôle du jeu. Au fur et à mesure que les habiletés de l’enfant se développent, l’adulte doit laisser l’enfant diriger le jeu, c’est son univers. Lorsqu’il choisit, qu’il prend des initiatives, l’enfant renforce son estime de soi et développe son autonomie.

Jouer mais avec qui ?

L’enfant doit apprendre de nombreuses choses avant de pouvoir jouer avec des partenaires. Il doit

  • Attendre son tour
  • Accepter de partager
  • Coopérer
  • Respecter les autres
  • Apprendre à négocier

Ce processus de développement social se poursuit durant plusieurs années. Cela commence à la maison, puis continue à la garderie ou en crèche pour finir à l’école.

  • Le bébé joue essentiellement tout seul
  • Vers 1 an, il s’intéresse aux autres sans pour cela partager des jeux
  • Vers 18 mois, l’enfant observe l’autre mais ne partage pas encore. Son seul plaisir c’est d’être côte à côte. C’est que nous appelons « le jeu parallèle ». il apprend comment se comporter avec les autres, il se prépare à s’associer au jeu.
  • Vers 2 ans, l’enfant découvre la notion de propriété et n’aime pas partager. Cela vient du fait qu’Il n’est pas encore capable de comprendre que l’autre est différent de lui. Il ne comprend pas le désir de l’autre. A cet âge, il est important de ne pas le gronder. Pour aider l’enfant, il faut lui expliquer le principe de réciprocité. « Si tu prêtes un jouet, tu pourras demander un autre jouet en échange ». Par contre si deux enfants de 2 ans veulent jouer au même jeu, il est important qu’il ait chacun le leur.
  • Vers 3 ans, les enfants peuvent facilement jouer ensemble sans problème. C’est « le jeu associatif ».
  • Vers 4-5 ans, les enfants apprennent à partager, ils ont plaisir à jouer ensemble.  C’est « le jeu participatif ».

Avec le jeu, l’enfant apprend à jouer avec des partenaires, à vivre en société, et à partager. Il apprend aussi à se connaître. De plus, les activités ludiques lui permettent de comprendre comment communiquer avec ses semblables.

Pour conclure, lorsque l’on s’intéresse au jeu et à l’enfant, nous nous apercevons qu’ils sont indissociable l’un de l’autre. Quand il joue, il découvre le plaisir de bouger, d’être actif, d’apprendre, de partager une activité avec les autres, tout simplement le plaisir de  vivre. Le jeu est une extraordinaire école de vie aux activités d’une grande richesse.

En jouant, l’enfant montre à ses parents qu’il sait bouger, qu’il perçoit ce qui l’entoure, qu’il a compris comment se servir d’objets, qu’il sait aussi imaginer des situations, qu’il peut exprimer ses sentiments et se relier aux autres. L’enfant ne joue pas pour apprendre mais le plus extraordinaire, c’est qu’il apprend en jouant, dans le plaisir et sans s’en rendre compte.

Partager cet article